Apple et Douglas Adams, dans H2G2 volume IV

Publié le par Stabbquadd

J'ai trouvé dans ce livre, qui m'est néanmoins apparu en deçà de la qualité de production habituelle de ce formidable écrivain, un ou deux paragraphes pour le moins intéressant, à moi qui suis un androgeek. En effet, on y trouve une description parfaite d'Apple, la marque à la pomme. Bien que la citation qui va suivre ne concerne pas du tout Apple à l'origine, et quoi que Douglas ait pu être un "Apple Master", et donc un fervent défenseur d'un Steve Jobs auquel il n'était pas loin de ressemblé, il se trouve que sa définition de la Compagnie cybernétique de Syrius coïncide parfaitement avec l'actualité de la firme de Cupertino et son iPhone 4.


Douglas, qui cite alors le Guide Galactique, dit en effet des produits de la compagnie (p.222 en version folio SF) que "leur inutilité fondamentale peut très facilement échapper à l'utilisateur tant est grand son sentiment de plénitude dès lors qu'il réussit simplement à les faire marcher". C'est a priori une explication parfaitement plausible du succès de l'iPhone 4, malgré le fait qu'en tant que téléphone, il soit plutôt médiocre, voire même carrément mauvais (problèmes d'antennes notamment). En effet, les possesseurs d'iPhone que j'ai pu rencontrer frôle le zéro absolu en informatique et nouvelles technologies, mais cherchent à faire croire le contraire. C'est donc un exploit qu'ils arrivent à faire fonctionner un appareil qui, pour les plus avertis, est une véritable prison.


Breaking Anecdote : un matin au cours d'une réunion, je croise un gars tout fier de montrer son iPhone à la pause. Comme je m'emmerdais et que j'évite de polémiquer avec ce genre de personnes, je me mets dans un coin pour passer le temps avec mon HTC Desire et envoyer deux trois messages. Une nana m'aborde et me demande si c'est un iPhone. Bon, je lui dis juste que non et je la laisse jouer un peu avec. "C'est quoi ça, et c'est quoi ça ?". Je lui explique quels sont les applications que j'ai placé sur l'accueil Android. Le fanboy repère le manège et se rapproche de nous (forcément, une fille qui s'intéresse à des téléphones, il se dit cool, la femme de ma vie, je vais tirer un coup obligé, j'ai un iPhone). Il s'intègre à la conversation au moment où je dis à la femme : "Ca c'est le GPS, regarde." Il arrive et dit :
"Ah ouais ? Le GPS ?
- Oui, que je lui réponds. Y'en a sur iPhone, que j'ajoute.
- Ouais, mais bon ça dit pas 'tournez à droite, tourner à gauche' et tout, qu'il me dit.
- Ah bon, je réponds ? Je ne sais pas trop, moi je suis sous Android, que j'ajoute.
- Ah oui, mais c'est payant ça, qu'il rétorque.
- Euh, non, c'est open-source, Android, que je lui dis.
- Ah ouais, tu l'as craqué ?"
J'ai arrêté la conversation là. N'empêche qu'il s'est barré sans la nana... je crois même qu'il est passé pour un crétin.


Mais Douglas Adams ne s'arrête pas là, puisqu'il ajoute : "En d'autres termes - et c'est le principe inébranlable sur lequel se fonde le succès d'envergure galactique de la Compagnie - leurs défauts de conception fondamentaux sont totalement cachés par leurs défauts de conception superficiels." Ce à la suite de quoi on se demandera si le fait que l'antenne de l'iPhone 4 soit défectueuse ne soit pas masqué par le fait que le possesseur d'iPhone ignore totalement qu'il s'agit d'un téléphone, prouvant ainsi que son ignorance de l'anglais surclasse avec brio son ignorance de la technologie d'une manière tellement digne qu'on devrait pouvoir la breveter.


Mieux, enfin, Douglas termine en expliquant que les commerciaux de la Compagnie ont pour mission de découvrir et d'explorer de nouveaux mondes (de nouveaux publics) afin de leur vendre leurs produits, ou, s'ils ne sont pas assez évolués, d'accélérer artificiellement leur évolution afin de leur vendre leurs produits. Tant Apple a simplifié ses produits qu'ils ne servent plus à grand chose, mais au moins, tout le monde peut s'en servir, et personne n'a donc d'excuse pour ne pas en acheter. C'est fort, niveau marketing, et visiblement assez fort pour avoir enrôlé Douglas Adams, pour lequel j'ai le plus grand respect en tant qu'écrivain, en tant que disciple de la pomme...

 

Bien entendu, et ce pour clarifier les choses, Douglas Adams étant décédé en 2001, celui-ci n'a pas vu l'aube de la sortie de l'iPhone 4, ni même du premier du nom, et son adhésion passée à la firme de Cupertino s'est déclenchée après l'achat du premier Macintosh du Royaume Uni. La dernière production Apple qu'aura vu l'auteur est la sortie de Mac OS X, qu'il aurait beaucoup aimé. Je ne doute pas que de nos jours, il n'aurait gardé pour la pomme qu'un attachement sentimental, maintenant que celle-ci ressemble tellement à ce qu'il riait autrefois...

Publié dans Lecture

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